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La CLE (Commission Locale de l’Eau) est une instance de concertation chargée de l’élaboration et du suivi du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE). Commission administrative sans personnalité juridique propre, elle organise et gère l’ensemble de la procédure d’élaboration, de révision et de suivi de l’application du SAGE. Instance essentielle dans la politique de l’eau, c’est la déclinaison locale des Comités de Bassin qui s’organisent à l’échelle des bassins hydrauliques.

Thématique
Fiche présentation CLE
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Les associations du réseau de FNE NA participent à de nombreuses instances consultatives départementales. Afin de mettre en lumière cet engagement, nous avons décidé de créer des fiches thématiques de chaque commission, pour mieux les comprendre. Elles sont disponibles dans la rubrique «Je m’informe» puis «Nos publications».

Modalités de mise à disposition
Association
FNE Nouvelle-Aquitaine
Référent

«Rapport d’étonnement» des nouveaux membres APNE du Comité de Bassin : un SDAGE/PDM qui semble ambitieux dans ses formulations, mais avec en réalité beaucoup trop de flou, peu d’opérationnalité et d’objectifs concrets sur les sujets prioritaires.

Les documents sont peu accessibles et difficiles à lire du fait de :

  • l’emploi d’une sémantique d’initié et inhabituelle voire incompréhensible par les citoyens que nous souhaitons intéresser aux décisions liées à la préservation de la ressource eau, et mobiliser pour une utilisation économe.
  • l’emploi de périphrases pour éviter d’employer le mot juste qui permet d’identifier le fait, la nature de l’objet, l’acteur… Cette manière d’écrire affaiblit la portée du texte, que ce soit le SDAGE ou le PDM et conduit à un flou qui n’est pas à la hauteur des enjeux et entraine l’inaction.
  • l’ampleur des documents à étudier (plus de 2000 pages), conséquence en particulier du point précédent, qui peut être décourageante malgré tout l’intérêt porté à la démarche.
  • le manque de transversalité et d’opérationnalité : le lien entre le SDAGE et le PDM est difficile à identifier pour un non initié, la portée réelle de ces textes pose question, d’autant que les objectifs fixés sont sans cesse repoussés.
  • Si nous soutenons l’outil SDAGE et la gouvernance multi-acteurs de l’eau en elle-même, force est de constater que son poids doit être très sensiblement renforcé parmi et en articulation avec les autres politiques sectorielles, et les autres moyens d’action de la puissance publique, y compris en matière d’enjeux budgétaires.

«Rapport d’alerte» des APNE du Comité de Bassin : un SDAGE/PDM qui n’agit pas aux bonnes échelles ni avec suffisamment d’ambition compte tenu de l’urgence climatique.

Les derniers chiffres du GIEC destinés à la COP de Glasgow 2022 et leur divulgation anticipée montrent que nous sommes sans doute à la veille d’une perte de contrôle de la crise climatique. Ce fait, difficile à assimiler, doit pour autant être au coeur de toutes les réflexions sur le SDAGE. Ceux-ci invitent à revoir nos actions et les modalités d’intervention des Agences de l’eau pour l’atténuation du réchauffement et de ses effets sur l’ensemble de la biosphère.
La politique d’intervention de l’Agence de l’eau suppose que des porteurs de projets montent des dossiers d’obtention d’aides. Ceci se fait aisément pour la construction des retenues d’eau par exemple (dont les effets sur les milieux et le bouleversement climatique sont pourtant des plus pernicieux), pour le remplacement d’un équipement d’irrigation, pour le co-financement d’une STEP ou pour des PSE qui concernent des unités d’exploitation individuelles ou de petits groupes d’unités. C’est bien plus difficile pour des solutions à impacts plus foncièrement positifs sur les objectifs DCE, la lutte contre le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité : les porteurs manquent pour déployer les actions d’envergure les plus utiles et urgentes. L’IPBES appelle pourtant à ces « changements transformateurs » depuis 2019.
De fait, les projets portent souvent sur des actions ultra-locales à l’heure où il faut davantage miser sur des effets globaux à l’échelle des bassins que pourraient fournir la reconfiguration de nos écosystèmes agro-alimentaires. Il s’agit d’intervenir sur nos paysages au profit de l’eau et de l’atténuation des températures avec la réintroduction ou l’intensification de la vie dans les sols (objectif 4 pour 1000 des INRAE-IRD-CIRAD-CGIAR : https://4p1000.org/fr/ressources), l’implantation de structures ligneuses (haies, bosquets et arbres champêtres, alignement d’arbres des collectivités, renaturation des villes, etc.) et la réhabilitation de l’ensemble des milieux humides ( à quand un plan Marshall pour nos zones humides?). Ces actions conditionnent le bon fonctionnement des milieux au profit de la rétention d’eau, de la santé des végétaux et de la capacité à stocker du carbone. Il s’agit également d’accompagner sérieusement le monde agricole dans ce changement de pratiques nécessaire, dans un contexte très complexe, qui implique de mobiliser également les acteurs de la restauration hors domicile, des circuits de distribution, et les consommateurs, au nom de l’intérêt général. Ce sont ces solutions, mises en oeuvre de façon concomitante et systémique, qui permettront de construire collectivement la résilience des territoires et de la société face aux bouleversements climatiques.
Là, de façon orchestrée, tous les acteurs peuvent agir à leur échelle (individus, associations, collectivités, entreprises, institutions, gouvernement, etc.) et ce n’est qu’à travers cette massification des actions que l’on verra les effets se conjuguer et les résultats s’orienter dans la bonne direction concernant plusieurs des défis que nous avons à affronter dans les prochaines années.
Mais cela suppose une meilleure conscience de la puissance des SFN appliquées à chaque m² des bassins versants*, une meilleure articulation avec les autres politiques publiques et une application plus contraignante des solutions retenues pour leur potentiel de globalisation et, par-là, de résilience aux chocs climatiques annoncés.
C’est enfin l’utilisation la moins contestable de l’argent public puisqu’elle est entièrement orientée vers l’intérêt général, avec le meilleur rapport coût-efficience et qu’elle satisfait une durabilité (« répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ») prônée par les politiques publiques depuis plusieurs décennies.
L’étude BAGAGES, dont les premiers résultats viennent d’être communiqués, ne peut mesurer cet impact en observant les pratiques d’unités d’exploitation isolées les unes des autres. Il faudrait la conversion d’un bassin versant entier -sur la base de l’intensification de la vie biologique des sols et du renfort des structures ligneuses- pour avoir des effets clairement mesurables sur la qualité et la quantité de l’eau pour l’homme et les milieux dont il dépend. Il existe aussi un problème avec les échelles de temps : deux ou trois années d’observation sont largement insuffisantes pour enregistrer une amélioration significative de la vie des sols et des milieux à retenir l’eau, à la faire percoler vers les aquifères, à la restituer lentement lorsque les étiages s’amorcent, etc.

Lire l’intégralité de la contribution des APNE du comité de Bassin Adour-Garonne sur le SDAGE 2022-2027.

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Le comité de bassin vit depuis 40 ans sous la pression politique d’une certaine agriculture qui, avec le soutien d’opérateurs techniques, a mis à l’agenda la construction de barrages et retenues comme solution au problème d’irrigation des cultures ayant besoin d’eau à une période où il pleut peu et où les rivières sont naturellement à l’étiage. Ces ouvrages ont des impacts très importants et s’accompagnent souvent du maintien de pratiques peu respectueuses de l’environnement et non compatibles avec les dérèglements climatiques en cours et à venir (voir ci-dessous).
En quelques décennies, avec l’appui de l’Etat et la mobilisation massive de fonds européens, le bassin Adour-Garonne s’est couvert de barrages et de retenues collinaires.

Quelques chiffres sur le stockage existant, issus de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne et de l’Office Français de la Biodiversité :

  • 300 millions de m³ dans de grands réservoirs (barrages de plus de 2 millions de m³) ;
  • 50 millions de m³ dans des retenues de capacité moyenne (0,5 à 1 million de m³) dédiées à l’irrigation et/ou à l’eau potable à partir d’une cinquantaine d’ouvrages ;
  • 550 millions de m³ dans plus de 15 000 retenues collinaires ou retenues de substitution ;
  • auxquels il faut ajouter les 2,3 milliards de m³ dans des barrages concédés par l’Etat aux producteurs d’électricité, dont la construction a débuté à la fin du 19ème siècle.

En même temps, le drainage, l’éradication des zones humides et du bocage se poursuivaient, détruisant par là même de nombreux services rendus gratuitement par les écosystèmes naturels fonctionnels, peu pris en compte, mais pourtant indispensables.

Une forte dépendance à l’eau

Un peu comme les cigarettiers du 20ème siècle, dans les années 80 les agences de développement agricole ont fait souscrire les paysans à l’irrigation estivale et encouragé l’installation de productions sensibles à la permanence de l’eau, créant ainsi un cercle vicieux : ils ont habitué les agriculteurs irrigants à utiliser plus d’eau que la nature ne peut en livrer. Mais aujourd’hui, quand la pluie se fait attendre, les barrages ne se remplissent plus alors que la demande, elle, ne faiblit pas. Pire, elle augmente. Ces ouvrages donnent ainsi l’illusion d’une sécurité mais les quantités d’eau prélevées restant importantes, la sécheresse est finalement aggravée (plus précoce, plus longue…) par les stratégies de gestion de l’eau.
La nouvelle Directive Cadre sur l’Eau, à l’aube des années 2000, aurait pu laisser place à une nouvelle politique, mais tel n’a pas été le cas et la puissance publique a poussé à la création de PGE (plan de gestion d’étiage) plutôt que de SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux) porteurs d’une vision intégrée à l’échelle d’un sous-bassin. Aujourd’hui, certains de ces PGE sont même intégrés tels quels dans les nouveaux SAGE comme, par exemple, le PGE Garonne / Ariège dans le SAGE Garonne, alors que ni le périmètre, ni la période ne coïncident.
Parallèlement, la nouvelle loi sur l’eau, en modifiant le mode de calcul des redevances prélèvement (versus consommation) sans tenir compte des périodes d’étiage ni des usages, envoyait un signal laissant penser que tous les prélèvements avaient le même impact sur l’environnement.

L’Agence de l’eau et l’État (et donc le Comité de bassin) ont conforté cette politique en Adour-Garonne :

  • en établissant des redevances prélèvement à un niveau très en dessous des maximums prévus par la loi et 4,8 fois supérieures pour les usagers domestiques par apport aux usages agricoles d’irrigation ;
  • en établissant des « organismes uniques » au profit d’une gestion agricole de la ressource en eau dans lesquels les autres usagers ne sont pas représentés, instaurant par la même des décisions à huis clos ;
  • en finançant la création de barrages / retenues ou du matériel d’irrigation plus « performant » jusqu’à hauteur de 80%.

Le changement climatique vient renforcer ces déséquilibres. Dans une vision purement hydraulique, l’étude Garonne 2050 agite le chiffon rouge d’un déficit de 1,2 milliard de m3 à l’horizon 2050. Une analyse scientifique prenant en compte la complexité des enjeux économiques, sociaux et environnementaux dans une vision holistique de long terme devrait remettre en question cette étude, qui s’avère en 2021 bien obsolète notamment du fait de sa focalisation sur les linéaires hydrographiques plutôt que sur la recherche de solutions à l’échelle des bassins versants.
Dans le futur, il faudra aussi et surtout apprendre à composer avec l’incertitude des aléas naturels renforcés par les dérèglements du climat. Et reconstruire une résilience axée sur les solutions fondées sur la nature, dont la transition agroécologique fait partie intégrante.
Le cercle vicieux actuel aurait pu être évité par une vision intégrée et une gouvernance équilibrée, représentative de la société civile et garante de l’intérêt général.


1°) Les impacts directs et indirects de barrages et retenues

Ils sont nombreux et importants, on peut retenir :

  • La construction d’un barrage entraîne toujours la destruction du milieu naturel sur place.

-Les eaux courantes, plus fraîches, abritent des habitats et des espèces parfois protégées. Un barrage représente un obstacle majeur à la continuité écologique : il empêche la libre circulation des sédiments, des poissons et des invertébrés aquatiques, dont le cycle biologique est alors fortement perturbé. Ces milieux d’eaux courantes détruits par le barrage ne sont pas compensés par la retenue elle-même, car les eaux stagnantes, plus chaudes et moins oxygénées, favorisent l’apparition de cyanobactéries qui rendent l’eau impropre à tout usage, et ne permettent pas d’abriter de nombreuses espèces exigeantes sur la qualité des milieux. Seules les espèces dites pionnières peuvent en profiter, dont en particulier des espèces exotiques envahissantes.
-Fréquemment, ces barrages détruisent aussi des zones humides naturelles. Ces aires participent pourtant à l’atténuation des inondations et des épisodes de sécheresses. Elles permettent de recharger les nappes phréatiques souterraines, de dépolluer l’eau, de capter du carbone mais aussi d’offrir un lieu de vie à une biodiversité exceptionnelle tout en atténuant, au moins localement, les effets des vagues de chaleur.

  • Les retenues modifient défavorablement l’hydrologie des cours d’eau, en amont, en aval et latéralement, c’est dire qu’elles impactent fortement les écosystèmes de manière durable, et le coût d’une restauration n’est pas pris en compte dans l’étude préalable si elle existe.
  • L’amont prive l’aval : il ne peut pas exister de « création de ressource », toute séquestration d’eau se fait au détriment du milieu naturel local et, au-delà, de la disponibilité de l’eau vers l’aval. Poursuivre dans cette voie, c’est s’exposer, comme l’Espagne, à avoir des cours d’eau qui ne parviennent plus jusqu’à la mer, l’aval dépossédé des bienfaits de la ressource en eau.
  • L’aggravation du déficit en eau : les réserves à ciel ouvert, y compris les « bassines » ou encore les gravières en fin d’exploitation qui exposent la nappe, renforcent les déficits en eau des bassins versants par rétention et par évaporation. Les eaux stagnantes se réchauffent plus vite et donc s’évaporent davantage que les eaux courantes. En été, il faut compter avec 1cm d’eau d’évaporation quotidienne et davantage si le réchauffement se poursuit.
  • L’irrigation s’accompagne souvent pour les cultures intensives de pratiques peu respectueuses de l’environnement, très mécanisées, consommatrices d’énergie, avec une forte utilisation d’intrants (engrais, pesticides, herbicides), du drainage, et donc une dégradation de la vitalité des sols et de leur capacité à stocker et infiltrer l’eau, induisant érosion, pollutions des rivières et coulées de boue.

Au final, les barrages et retenues aggravent la pression sur la ressource et les tensions quant à son partage, sans proposer de solution pérenne ; plus grave, ces lourds investissements, basés sur toujours plus d’artificialisation, s’accompagnent d’une forte perte de biodiversité et de résilience des milieux, alors qu’il faudrait aujourd’hui renforcer, voire reconstruire, cette résilience face au réchauffement climatique qui va exacerber la problématique de l’eau tant sur le plan quantitatif que qualitatif.


2°) Un rapport coûts / bénéfices défavorable

Face aux sécheresses et inondations qui se répètent et s’accentuent, ce système est devenu anachronique. Après avoir surexploité les ressources (sol, eau…) et largement contribué aux pollutions diffuses, cette agriculture demande des financements pour aller encore plus loin, avec de nouvelles retenues pour l’irrigation de productions inadaptées.
Si les barrages et retenues sont techniquement de mauvaises solutions face à la sécheresse, ou en tout cas des solutions de trop court terme qui accentuent encore les défis à relever, la question de leur financement doit également être posée. En effet, ces investissements représentent des sommes très importantes, en partie prises en charge par la puissance publique. Ces aides diminuent pour l’usager le coût d’accès à l’eau, incitant à sa surconsommation. De plus on peut penser que cet argent public aurait pu être mieux utilisé à :

  • protéger et restaurer les zones humides, qui restituent l’eau de manière différée et contribuent à son épuration ;
  • à aider les agriculteurs à réorienter leurs systèmes de production vers plus de résilience ;
  • à appuyer le développement de nouveaux systèmes agricoles et alimentaires cohérents.

C’est ce qu’étaient supposés faire les PTGE (projet de territoire pour la gestion de l’eau)1 mis en place après le drame de Sivens : mettre tous les acteurs autour de la table, établir un état des lieux, et élaborer des scénarios chiffrés (retenues éventuellement, mais avant tout transition agro-écologique, sobriété, solutions fondées sur la nature, etc.). Malheureusement, dans la pratique, ce dispositif est trop souvent dévoyé, perçus uniquement comme le dernier verrou au financement d’un ouvrage de stockage. La concertation est souvent détournée par certains représentants, et les résultats sont trop peu ambitieux en matière d’investissements en faveur des services rendus par les écosystèmes et des changements de pratiques nécessaires.

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Paragraphes

Nos propositions : des solutions éprouvées et durables


Les associations alertent depuis de nombreuses années sur le dysfonctionnement des politiques publiques dans ce domaine et proposent des solutions concrètes s’appuyant sur une approche intégrée, la sobriété de tous les usages, la transition agricole/alimentaire réelle et les solutions fondées sur la nature.
Une gouvernance partagée, préalable indispensable :

  • D’abord mettre ou remettre le SDAGE et les SAGE au centre des décisions et des actions dans le domaine de l’eau afin de définir une politique de gestion de la ressource vraiment intégrée.
  • Reconnaître la place et garantir l’expression équitable de l’ensemble des parties prenantes dans ces instances de la gouvernance de l’eau, en application de la convention d’Aarhus.
  • Travailler en amont des situations de crise, avec un objectif transversal de prévention, donc former les parties prenantes, informer le grand public, créer une culture commune de recherche de l’intérêt général, et une connaissance partagée des enjeux basée sur des données et analyses scientifiques et issues du terrain, afin de responsabiliser les acteurs.
  • Co-construire des solutions, basées :

- sur des états des lieux partagés, territoire par territoire,
‐un dialogue équilibré,
‐sur des données et faits scientifiques,
‐en recherchant l’intérêt général de long terme,
comme le prévoit l’instruction PTGE1, avec la nomination systématiques de garants pour assurer l’équilibre des débats.

  • Remettre en cause l’appropriation historique et la gestion opaque de la ressource par certains usagers, producteurs d’hydro-électricité ou agriculteurs (OUGC), qui doivent retrouver leur place d’usager au même titre que les autres dans ce contexte en constante évolution.
  • Organiser le partage de l’eau entre les différents usagers avec une priorité pour l’alimentation en eau potable de qualité et la pérennité des écosystèmes.


Définir des priorités d’action :

  • Protéger les ressources pour l’eau potable.
  • Mettre en place une réelle politique d’économies d’eau pour tous les usagers, incitant chacun a faire des efforts. Dans le domaine agricole en particulier, accompagner financièrement les agriculteurs pour les changements de pratiques (agroécologie, sols vivants, diversification, cultures adaptées au contexte local, etc.), sans faire l’impasse sur l’évolution des modes de consommation alimentaire. Généraliser les programmes de Paiements pour Services Environnementaux et les Projets Alimentaires Territoriaux.
  • Mettre en place une politique de redevance cohérente et incitative : redevance consommation, renforcée pendant la période d’étiage, égalitaire pour tous les usagers en fonction de leur consommation effective.
  • Accroître la disponibilité de l’eau en ralentissant le cycle de l’eau, par :

-les solutions fondées sur la nature, la reconfigration des paysages des bassins versants (haies, bosquets, arbres isolés participant à l’infiltration de l’eau vers les aquifères, reméandrage des cours d’eau, etc.) ;
-le recours à des structures agroécologiques intensifiant la biologie des sols à l’échelle des exploitations agricoles ;
-la gestion intégrée de la ressource en eau dans les plans d’urbanisme et d’aménagement du territoire, la dés-imperméabilisation à toutes les échelles.

  • Porter politiquement et décliner concrètement un « plan Marshall » pour les zones humides.
  • Établir et faire respecter les débits minimums biologiques sur l’ensemble du cours d’eau, publier les suivis et tenir compte des impacts cumulés des différentes retenues au sein d’un bassin versant.
  • Mobiliser les retenues existantes (cf. hydroélectricité) et éventuellement restaurer l’existant en fonction des besoins.
  • Éviter absolument les investissements court-termistes (mal adaptation) face au changement climatique : supprimer tout financement pour la création de retenue ou de matériel d’irrigation et reporter ces moyens sur les actions recensées ci-dessus.

AVIS GENERAL SUR LA REVISION DU ZONAGE DES ZONES VULNERABLES AUX POLLUTIONS PAR LES NITRATES SUR LE BASSIN LOIRE-BRETAGNE

Depuis 1997, en application de la Directive Européenne Nitrates, La France met en oeuvre un Programme d’Actions National Nitrates, décliné au niveau régional. L’application de la Directive Cadre sur l’Eau de 2000, au travers des SDAGE, prévoit également des mesures de réduction de la pollution de l’eau par les nitrates.
Malgré tout, les résultats globaux de mesure de la teneur en nitrates dans les eaux souterraines et de surface ne montrent pas d’amélioration nette en France, et particulièrement sur le bassin Loire-Bretagne.
Le sujet de la pollution de l’eau par les nitrates reste un sujet majeur particulièrement préoccupant pour la santé des êtres humains et les écosystèmes aquatiques, y compris marins.
Les nitrates constituent une véritable nuisance pour les milieux aquatiques, en contribuant fortement au phénomène d’eutrophisation des eaux, avec des conséquences négatives sur l’état et le fonctionnement des milieux, sur la flore et sur la faune. Ce phénomène est particulièrement marqué pour les eaux marines et estuariennes, avec des explosions de marées vertes
Les dépassements de la concentration maximale autorisée en nitrates dans les eaux destinées à la consommation humaine nécessitent des traitements coûteux pour produire de l’eau potable.
Les coûts liés au nettoyage des plages envahies d’algues vertes, les coûts liés aux impacts sur le tourisme, les coûts des contentieux relatifs à la pollution de l’eau par les nitrates, s’ajoutent et s’accumulent, au détriment de l’ensemble des acteurs du territoire.
Les impacts et les coûts pour la santé humaine restent largement sous-étudiés et sous-évalués.

MAINTIEN DU CLASSEMENT POUR LA PLUPART DES ZONES VULNERABLES

Malgré la politique de lutte suivie depuis plusieurs décennies aux niveaux européen, national et des territoires, la pollution n’a pas diminué. Malgré les fonds importants consacrés, elle n’a pas eu, et de très loin, l’effet escompté. Ainsi les plans tant nationaux (PAN) que régionaux (PAR), dont nous sommes à la sixième version, ont connu un échec patent, comme en témoignent les avis de l’autorité environnementale sur la révision des derniers PAR.
Sur le bassin Loire-Bretagne, le maintien d’une majorité de secteurs en zone vulnérable aux nitrates, en est une illustration évidente.

NOUVEAUX CLASSEMENTS

De même, et de façon encore plus inquiétante, ce sont de nouvelles zones qui devraient être aujourd’hui classées en périmètre de zones vulnérables. Cela permettrait de dégager des moyens pour lutter contre les pollutions diffuses, mais montre bien que la dynamique n’est pas positive.
Ces solutions restent trop ponctuelles et non systémiques, ne permettant pas de résoudre le problème à sa racine.

PERENNITE DES AMELIORATIONS SUR LES ZONES DECLASSEES

Nous le constatons, étant donné la rémanence dans les sols des nitrates, les améliorations, même lorsque des mesures sont mises en place, n’apparaissent que très lentement. Il est encourageant de voir que quelques zones sortent du classement en zones vulnérables aux nitrates, mais sur ces secteurs la question de la pérennité des améliorations obtenues se pose.
Un classement intermédiaire de «consolidation» serait nécessaire pour éviter des régressions une fois les niveaux de nitrates redescendus sous les seuils maximum autorisés. Si les moyens mobilisés pour accompagner les agriculteurs concernés dans l’amélioration et le maintien de bonnes pratiques se tarissent, les risques de voir les taux de nitrates augmenter à nouveau sont bien réels.
La contestation, par certains acteurs sur le bassin Loire-Bretagne, des mesures à mettre en oeuvre pour éradiquer les pollutions dues aux nitrates et consolider les diminutions obtenues, augmente les risques de contentieux, au niveau local mais aussi national et européen.

 

AVIS GENERAL SUR LA STRATEGIE DE REDUCTION DES POLLUTIONS DIFFUSES

Les pollutions diffuses qui impactent le bon état des eaux sont essentiellement les herbicides et les nitrates. Les désherbants systémiques et l’azote minéral concourent l’un et l’autre, et en se renforçant, à la destruction de la vie dans les sols. Ainsi, l’utilisation de désherbant systémique augmente le besoin de fertilisation sur les sols dégradés par des cultures intensives.
Le manque d’accompagnement, d’information et de formation des agriculteurs face à l’enjeu des sols vivants est un facteur majeur dans ce cercle vicieux : sols inertes, érosion, lessivages, dépendance à l’irrigation, etc…Vu l’incapacité de l’Etat - et des chambres d’agriculture - à produire et mettre en oeuvre un programme de restauration et de régénération des sols à la hauteur des enjeux, nous ne pouvons que constater, tous les 4 ans, que le mauvais état des sols agricoles perdure.

Au point que l’état dégradé des sols agricoles génère une pénurie d’eau de plus en plus marquée. Il existe en effet un lien direct entre le mauvais état écologique des sols, la disparition toujours plus marquée de l’arbre hors forêt et des haies, et le déficit quantitatif.
Les plans d’actions nitrates ne sont qu’un des moyens de la lutte contre les pollutions par les nitrates et ne sont pas suffisants pour obtenir des gains significatifs. La réduction de la pollution de l’eau par les nitrates doit avant tout passer par un changement d’ampleur des pratiques et systèmes agricoles. Cela permettrait en en outre d’agir sur les autres polluants d’origine agricole et leur cohorte de métabolites dont par exemple le métolachlore ESA (CGA 354743) (cf. AVIS de l’ANSES du 14 janvier 2021).
Devant ce constat désolant du maintien d’une pollution nocive pour l’être humain et les écosystèmes, il convient d’accroître et de renforcer significativement les politiques de lutte contre les pollutions par les nitrates en se dotant de nouveaux leviers réglementaires plus efficients, en mobilisant autrement les fonds alloués, en orientant mieux économiquement et techniquement cette politique qui depuis des décennies est un échec eu égard aux moyens engloutis.
Étant donné la connaissance actualisée de l’importance de la biodiversité faunistique et floristique pour les sols, la couverture permanente des sols doit être exigée dans les zones vulnérables, et les labours formellement interdits. Les formations arborées et arbustives doivent être réintégrées au sein des paysages des bassins versants pour augmenter le temps de résidence de l’eau et réduire l’érosion des sols. Les nitrates de synthèse devraient être interdits sur les sols inertes (lorsque l’activité biologique du sol est trop faible pour retenir l’eau, la terre et les nitrates au pied de la plante).
Les désherbants systémiques détruisent la vie dans les sols qui deviennent moins humifères et moins fertiles, ce qui les rend d’autant plus dépendants des fertilisants minéraux, qui seront lessivés au premier arrosage ou pluie.
Les sols ont été massivement dévitalisés par l’utilisation des désherbants systémiques, et laissés nus exposés au soleil, en ignorance du cycle du carbone. Sans sols vivants, le cycle du carbone ne s’installe pas, et donc le cycle de l’azote généré par les mycorhizes non plus. L’apport d’azote minéral semble alors la solution mais elle n’est qu’une illusion puisqu’elle ne résout en rien le problème fondamental auquel est confronté l’agriculture intensive, et au contraire le renforce.
La seule solution réelle est une solution holistique, intégrée, permettant de passer à une agriculture du «vivant en bonne santé», qui comprend et intègre le fonctionnement des écosystèmes au service de sa pérennité.
L’agroécologie est une véritable révolution pragmatique : elle est fondée sur le vivant, sur la biodiversité, sur la préservation des habitats pour la faune et la flore, sur les sols vivants fonctionnant avec le cycle du carbone. C’est une agriculture du vivant qui promeut les agroécosystèmes.
Les nombreux programmes lancés pour une transition vers l’agroécologie sont malheureusement restés pour l’instant à la marge des pratiques agricoles, par manque de moyens et d’ambition.
Les méthodes fondatrices de l’agroécologie sont diffusées depuis quelques années dans les lycées agricoles et autres établissements de formation. Néanmoins, il y a une grave carence de formateurs compétents en agroécologie. Des moyens doivent être mobilisés en ce sens.


ORIENTATIONS PORTEES PAR FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT

Il faut avant tout analyser localement les raisons des échecs et nouveaux classements, car il n’y a pas d’uniformité et il est contre-productif de généraliser. Cependant, aux niveaux national et communautaire, France Nature Environnement défend certains grands principes d’action, indissociables des stratégies locales :

Renforcer les programmes d’actions pour qu’ils soient à la hauteur des objectifs d’atteinte du bon état des masses d’eau :

  • Reconnecter les programmes d’actions aux objectifs d’atteinte du bon état des masses d’eau ;
  • Améliorer l’efficacité de l’évolution des pratiques et ses impacts sur la qualité des masses d’eau ;
  • Renforcer les moyens de contrôle des activités et de suivi de l’état des masses d’eau ;
  • Poursuivre les mesures de réduction du transfert de nitrates et accompagner plus fortement la transition agroécologique par le biais des programmes d’actions nitrates.

S’appuyer sur des leviers réglementaires, économiques et financiers pour réduire à la source la pollution de l’eau par les nitrates :

  • Interdire toute dérogation aux taux maximum de nitrates dans l’eau potable ;
  • Appliquer le principe pollueur-payeur ;
  • Favoriser les pratiques agricoles limitant la pollution par les nitrates ;
  • Mettre en application le dispositif ZSCE (Zone Soumise à Contraintes Environnementales) ;
  • Améliorer la connaissance sur les coûts liés à la pollution de l’eau par les nitrates ;
  • Produire de façon systématique des cartes départementales à jour indiquant les taux de nitrates dans l’eau, et favoriser la sensibilisation sur le sujet grâce à une accessibilité facile des données.

Construire une PAC plus durable, plus efficace et respectueuse de l’environnement, en accord avec les objectifs environnementaux des Directives Européennes (DCE, DCSMM, nitrates, habitats faune flore, etc.) et la convention OSPAR :

  • Impulser un changement profond du système agricole via la conditionnalité de la PAC ;
  • Consacrer 50% du budget du deuxième pilier à l’environnement ;
  • Mettre en place des aides couplées aux légumineuses ;
  • Baser les aides sur le nombre d’équivalents temps plein par exploitation agricole et non plus sur le nombre d’hectares cultivés.

Pour télécharger l’avis de FNE NA sur la révision des zones vulnérables aux pollutions par les nitrates sur le bassin Loire-Bretagne.

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Nitrates et eau

Le 28 avril 2017, le Conseil Régional a lancé une concertation sur la politique de l’eau en Nouvelle-Aquitaine.

FNE Nouvelle-Aquitaine, au côté des associations régionale des fédérations de pêche et de protection du milieu aquatique de Nouvelle-Aquitaine, d’Inpact (Initiative pour une agriculture citoyenne et territoriale) et de l’union fédérale des consommateurs, ont produit une note d’analyse sur la politique de l’eau en Nouvelle-Aquitaine.

De la présentation de l’état des lieux le 28 avril 2017 à Bordeaux, à laquelle était invité l’ensemble des
acteurs de l’eau, nous retenons en particulier :

  • Des rivières globalement dégradées, les causes de cette dégradation étant multiples et liées à de nombreuses altérations du fonctionnement hydrologique et de la morphologie des rivières, des prélèvements trop importants ainsi que de nombreux rejets polluants, principalement diffus ;
  • Des eaux souterraines qui représentent une ressource stratégique pour la Région, soumises à des pressions importantes (pollutions par les nitrates et pesticides, déséquilibre quantitatif) ;
  • Un état général des eaux côtières dégradé autour des grands estuaires de la Région (Gironde, Seudre, Charente) ;
  • Des zones humides qui fournissent de nombreux services aux territoires, mais qui, malgré les dispositifs de protection existants, continuent de disparaître chaque jour ;
  • Des écosystèmes qui accueillent des espèces patrimoniales qui restent fortement vulnérables et soumises à de nombreuses pressions tout au long de leur cycle de vie.

Les SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) des bassins Loire-Bretagne et Adour Garonne sont les documents de planification de la gestion des ressources en eau, et des milieux aquatiques, applicables sur le territoire de la Nouvelle Aquitaine. Leurs orientations et dispositions répondent aux objectifs des directives européennes, et en particulier de la DCE (Directive Cadre Eau).
Pour nos organisations, le respect de la DCE et des SDAGE est un prérequis à toute intervention politique dans le domaine de l’eau en Nouvelle-Aquitaine.


A nos yeux, les principes généraux à retenir sont :

  • Intégrer les enjeux de l’eau, et ce, de manière transversale, dans toutes les politiques publiques,
  • Concerter, suivre et évaluer les politiques de l’eau mises en place,
  • Appliquer la réglementation en vigueur,
  • Gérer la ressource par bassins-versants, de manière équilibrée et concertée,
  • Donner la priorité des usages à l’alimentation en eau potable et aux milieux aquatiques (Cf. article L. 210-1 du Code de l’environnement),
  • Adapter les usages à la disponibilité de la ressource,
  • Privilégier la sobriété des usages de l’eau,
  • Ne pas détériorer l’état écologique des cours d’eau,
  • Rétablir la continuité écologique,
  • Privilégier le préventif au curatif,
  • Appliquer le principe « pollueur-payeur »,
  • Appliquer la doctrine ERC (Eviter, Réduire, Compenser) pour limiter les impacts des projets,
  • Eco-conditionner les aides publiques.

Pour télécharger la note de FNE NA sur la politique de l’eau

 

    Thématique
    eau Eau
    Eau
    Paragraphes

    La gestion de la ressource en eau

    Le changement climatique impactera d’une manière significative l’ensemble des écosystèmes et ressources en eau de la Nouvelle-Aquitaine, ainsi que les usages de l’eau associés.
    A l’heure actuelle, déjà :

    • les prélèvements (470 Mm3 sont effectués chaque année dans les rivières, principalement par l’agriculture, l’industrie, le secteur énergétique et dans une moindre mesure l’alimentation en eau potable) sont trop importants au regard de l’eau disponible dans les cours d’eau mettant en péril leur faune et flore aquatiques,
    • le fonctionnement hydrologique et la morphologie des rivières, des lacs et des étangs sont altérés (modification des berges, mise en place d’ouvrages impactant la continuité écologique des cours d’eau, infrastructures impactant le lit majeur des rivières,…),
    • les rejets polluants de toutes natures, principalement diffus (nitrates et pesticides localisés principalement en zones de forte spécialisation agricole vigne/arboriculture/maïs et en zones périurbaines) sont excessifs,
    • un tiers des masses d’eaux souterraines sont en mauvais état chimique (pollutions par les nitrates et les pesticides principalement), tandis que 15 % des masses d’eaux souterraines sont en déséquilibre quantitatif.

    De plus, l’action de l’homme et ses conséquences, à savoir l’artificialisation des milieux, l’imperméabilisation et l’érosion des sols, le drainage, la destruction des zones humides et des prairies naturelles, le recalibrage des rivières, … ont bouleversé les équilibres naturels, accentuant ainsi les étiages, les crues et les inondations.

    Nous préconisons de :

    • Compléter le réseau de stations de mesure pour définir des seuils de gestion cohérents
    • Définir un cahier des charges strict précisant les conditions de réalisation et de fonctionnement des retenues d’eau à des fins d’irrigation, justifiant une amélioration significative des milieux. Les retenues de substitution ne doivent être finalement envisagées qu’après étude de toutes les solutions alternatives, dans le cadre de projets de territoires conformément à l’Instruction du Gouvernement du 4 juin 2015
    • Promouvoir et mettre en place des technologies propres et moins consommatrices d’eau, dans l’industrie
    • Réduire la pollution des milieux aquatiques en privilégiant les actions préventives (réduction à la source des pollutions, en particulier) Poursuivre l’entretien doux des rivières, la restauration des zones humides et de la ripisylve

    L’eau potable

    Les eaux souterraines de la Nouvelle-Aquitaine, qui représentent une ressource stratégique pour la Région (les deux tiers des prélèvements annuels sont réalisés dans les nappes qui fournissent 80 % de l’eau potable de la Région) connaissent des pressions importantes. Pourtant, aujourd’hui, le coût de la protection de la ressource ne représente qu’une faible partie du prix payé par le consommateur, contrairement au coût de traitement de l’eau.

    Nous préconisons de :

    • Réserver les eaux souterraines profondes exemptes de pollutions anthropiques à la production d’eau potable
    • Etendre à la Région Nouvelle-Aquitaine le programme RE-Sources initié en Poitou-Charentes, afin de préserver les ressources alimentant les captages les plus menacés par les pollutions diffuses (nitrates et phytosanitaires)
    • Préserver et reconquérir la qualité des eaux brutes captées par des mesures agro-environnementales territorialisées adaptées permettant d’accompagner financièrement les changements vertueux de pratiques agricoles
    • Inciter les communes et Syndicats d’eau potable à l’acquisition de terrains et à leur boisement dans les périmètres de protection ou les aires d’alimentation de captages sensibles ou stratégiques

      L’eau et la biodiversité et les zones humides

      Des zones humides qui fournissent de nombreux services aux territoires :

      Les zones humides (typologie diversifiée) présentes sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Aquitaine sont reconnues comme patrimoine naturel exceptionnel, en raison de leur richesse biologique et des fonctions naturelles qu’elles remplissent : elles fournissent de nombreux services tels l’autoépuration ou l’écrêtement des crues ; elles façonnement les paysages caractéristiques de la Région ; elles fournissent des espaces de loisirs pour les habitants de la Région et pour les touristes… Mais elles sont soumises à de nombreuses pressions liées aux pratiques agricoles, à l’urbanisation, aux modifications du cycle hydrologiques…. Et continuent de disparaître.
      Des écosystèmes qui accueillent des espèces patrimoniales :
      Malgré l’état de dégradation actuelle des milieux aquatiques, la Nouvelle-Aquitaine accueille encore de nombreuses espèces patrimoniales inféodées aux milieux aquatiques (truite fario, chabot, lamproie de planer, moule perlière, écrevisse à patte blanche…), ainsi que des espèces emblématiques comme les poissons migrateurs, traits d’union entre les territoires et indicateurs de continuité écologique.
      Ces espèces patrimoniales restent fortement vulnérables et soumises à de nombreuses pressions tout au long de leur cycle de vie, leur donnant le rôle de sentinelles de la qualité et de l’état écologique de nos cours d’eau.
      Les atteintes irréversibles à la biodiversité mettent en danger la survie, dans des conditions acceptables, des espèces vivantes et de notre planète.

      Nous préconisons de :

      • Sensibiliser à l’importance des fonctions et services rendus par les zones humides
      • Réaliser un inventaire cohérent entre collectivités territoriales, des zones humides à conserver, à protéger et à réhabiliter et porter ce travail à la connaissance du public
      • Inciter financièrement et fiscalement toutes les actions permettant de valoriser les fonctions et services rendus par les zones humides, y compris leur acquisition
      • Protéger et/ou réhabiliter les zones humides dégradées existantes
      • Mettre en oeuvre les trames vertes et bleues
      • Soutenir les actions de restauration des milieux aquatiques et de la biodiversité
      • Restaurer la continuité écologique

      Des usages respectueux de l’eau

      La région doit conditionner ses aides aux pratiques favorables à l’amélioration de la qualité, voire à une gestion économe des ressources en eau et à une bonne information des publics quant aux pratiques des industriels, des agriculteurs, des collectivités et des ménages.
      Une attention toute particulière doit être portée aux façons culturales.

      Nous préconisons de :

      • Soutenir les réseaux agricoles durables qui s’engagent à respecter la ressource en eau et avoir une politique volontariste à travers leur participation aux SAGE et SDAGE
      • Moduler les aides à l’agriculture selon la diminution de l’utilisation des intrants et la non-utilisation des semences OGM et des Variétés rendues Tolérantes aux Herbicides (VrTH)
      • Soutenir et accompagner les alternatives agricoles adaptées aux conditions pédoclimatiques et aux ressources en eau disponibles  Mettre en place des systèmes de culture agro-écologiques économes en eau et en intrants
      • Favoriser les pratiques non génératrices de pollution des eaux par des éco-conditionnalités en particulier le développement de l’agriculture biologique et de ses filières ; la généraliser en complément du couvert forestier dans les aires d’alimentation de captages d’eau potable
      • Soutenir l’agriculture biologique et la valorisation de ses produits. Aider financièrement à la conversion
      • Restaurer les milieux végétalisés en ville permettant l’infiltration de l’eau, et la poursuite du cycle naturel de l’eau
      • Préserver et restaurer les éléments boisés du paysage : haies, bosquets, ripisylves, … ainsi que les surfaces en herbe, prairies permanentes ou temporaires
      • Adapter les pratiques pour utiliser moins d’eau de manière générale, et moins d’eau potable en particulier, afin d’assurer une alimentation en eau potable

      Les eaux littorales, une spécificité de la Région

      Avec plus de 720 kilomètres de côtes et trois grands estuaires (Gironde, Adour, Charente), le littoral constitue une zone de transition et d’échanges entre les milieux terrestres et la mer.
      Ces milieux supportent des excès générés par les activités humaines : sur-fréquentation, usage intensif, nuisances, pollutions… Les besoins en eau potable, les activités touristiques et économiques sont en concurrence directe face aux ressources.
      La qualité des eaux côtières de la Nouvelle-Aquitaine est essentielle au développement des activités économiques, telles l’aquaculture ou le tourisme.
      L’état dégradé de ces écosystèmes côtiers fragilise l’activité conchylicole, une activité fortement dépendante de la qualité du milieu (composition chimique, salinité et température liées aux apports d’eau douce des bassins versants amont en particulier).
      Les zones conchylicoles de l’estuaire de Marennes-Oléron et du bassin d’Arcachon étant contaminées par des rejets, une solidarité entre l’amont et l’aval s’impose.

      Il est donc indispensable de :

      • Accentuer et améliorer la surveillance des eaux
      • Développer la lutte contre la pollution en amont, en créant les conditions d’une solidarité amont-aval
      • Conserver ou restaurer le très bon état écologique des « têtes de bassin » pour permettre l’atteinte du bon état sur la partie aval des cours d’eau jusqu’aux estuaires

      La gouvernance

      Un des points clés et d’innovation de la DCE est la participation de tous les acteurs ainsi que la consultation du grand public lors des différentes étapes de sa mise en oeuvre.
      La réappropriation des enjeux liés à la gestion de l’eau par les populations est déterminante et nos organisations ont un rôle spécifique à jouer. Elles participent déjà à l’information, la sensibilisation, l’éducation de leurs membres et du public, ainsi qu’aux instances relatives à la gestion de l’eau. Elles contribuent, en outre, à enrichir les données sur l’eau.

      • Nous proposons un suivi de la politique de l’eau, de ses résultats et l’évaluation des actions en continu pour réorienter les priorités. Les outils d’évaluation doivent donner une large part à l’analyse au regard du développement durable afin de bien croiser les dimensions économique, humaine, écologique. Cette évaluation doit être partagée entre les décideurs, les techniciens, les experts et les citoyens.
      • Nous demandons à participer activement à l’élaboration des documents de planification régionale tels que le futur Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET).