Jacqueline Ajer
Enfant, j’ai eu la chance d’habiter en forêt de Compiègne à une époque où il suffisait de ne pas bouger pendant 10 minutes pour voir des lapins sortir de leur terrier, les écureuils et les oiseaux se poursuivre dans les arbres, sans compter les chevreuils et parfois même les cerfs. Je voulais poursuivre mes études à l’école d’agronomie de Grignon : elle était fermée aux filles (à l’époque) ! J’ai donc rejoint l’Education Nationale et découvert le bonheur de partager le savoir avec les enfants et même les adultes.
A 30 ans j’ai enfin pu acquérir dans les Deux-Sèvres, une ferme, des chèvres et ce sont les fermiers qui pendant 4 ans ont piloté mes premiers pas agricoles. En 1989, je devins maire de la commune de Montalembert, la plus boisée des Deux-Sèvres. J’étais comblée ! J’ai été aussitôt confrontée aux remembrements sauvages qui accompagnaient la mise à deux fois deux voies de la RN10.
C’est alors que j’ai participé à la création de Prom’Haies en Poitou-Charentes avec des agriculteurs, des élus, des techniciens du CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière) sous l’égide et avec l’aide du service environnement du Conseil Général des Deux-Sèvres et de l’ADEME. Trois ans plus tard, cette expérience réussie de replantation de haies rendait obligatoire cette action lors de tous les remembrements. En parallèle, j’ai participé à la création de l’association pour la promotion du châtaignier à bois dont le siège fut fixé à la mairie de Montalembert. C’est alors que la commune a décidé de réhabiliter l’école désaffectée en Maison de la Forêt et du Bois pour accueillir toutes les associations intéressées. Je suis devenue Présidente de Prom’Haies en 2002 à l’heure où l’on découvrait la multifonctionnalité de la haie et son rôle indispensable pour la biodiversité. C’est parce que l’union fait la force que j’ai soutenu le rapprochement de tous les acteurs de la haie à l’échelle nationale pour fonder en 2007 à Niort, l’AFAC-Agroforesterie, reconnue à ce jour par le ministère de l’Agriculture comme le porte-parole de la haie et de l’arbre hors-forêt. Poursuivant les actions pour le développement de la filière « de la graine à la plaquette bocagère », nous avons contribué à l’essor de la marque « Végétal local ». En participant à différentes réflexions locales et régionales, j’ai pris conscience que l’investissement de tous en faveur de l’environnement est nécessaire. A l’heure des transitions agricoles et environnementales, la haie représente plus que jamais un levier d’avenir pour les agriculteurs et l’environnement. L’arbre reste pour moi le symbole même de la vie et j’ai toujours voulu inscrire mes actions à l’ombre de sa présence tutélaire. Et comme on ne fait rien tout seul, je remercie toutes les équipes et toutes les personnes qui m’ont intégrée dans leurs réflexions et leurs actions.
Jacqueline Ajer, co-présidente de Prom’Haies