Marie-Christine Girault
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Marie-Christine Girault

Publié le 23 août 2022

Née et élevée à Paris en1956, fille d’un père ingénieur au CEA, rien ne me destinait à être aujourd’hui présidente de FNE 23, sinon mon amour depuis ma petite enfance pour la campagne et mon rejet précoce de la société de consommation lorsqu’il m’a été expliqué qu’on ne pouvait pas réparer ma poupée mais seulement la remplacer par une autre.

Le jardin de ma grand-mère dans un petit village de l’Eure est le lieu de mes plus grands bonheurs d’enfants, seul lieu de nature dans une vie d’enfant vouée à l’artificialisation de la vie citadine. Adolescente, c’est au travers des chemins ruraux et des bois du Morvan, dans un paysage encore préservé, que j’ai découvert la liberté. Puis, avec mon premier mari et mon beau-père, j’ai découvert la chasse, le monde rural et agricole.

Je suis arrivée à l’idée qu’il est indispensable de protéger la nature par une voie peu courante.

En effet, bien que j’ai su très jeune que c’était au milieu du bocage que j’aimais vivre, j’ai suivi l’itinéraire des étudiantes des années 70 qui ont privilégié leur émancipation : école polytechnique féminine puis une fois mon diplôme d’ingénieur en poche, une spécialisation au Centre de Hautes Etudes du Béton Armé et Précontraint et un début de carrière d’ingénieur avec des cours du soir à l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de Paris. Quelques années plus tard, après la naissance de mes deux fils, j’ai bifurqué vers l’assurance des grands groupes qui à cette époque me fascinaient.

Ce tournant professionnel a été l’occasion de prendre de la hauteur. Je me suis trouvée confrontée à exercer mon esprit critique sur les dossiers qui m’étaient confiés Ayant été chargée de représenter ma compagnie auprès d’ASSURPOL (groupement d’assureurs ayant pour objet l’étude et la délivrance de contrats responsabilité civile du fait des atteintes à l’environnement), j’ai commencé alors à prendre conscience du potentiel de pollution représenté par le monde industriel. En parallèle, toutes les sociétés du CAC 40 se revendiquent du développement durable. Tous leurs rapports annuels comportent un chapitre y afférant, destiné à rassurer les actionnaires mais qui n’est en réalité qu’un simulacre cachant une grande opacité et un oxymore destiné à donner l’illusion d’un développement sans limites mais vertueux…

Mais, c’est en découvrant l’existence du pic d’Hubbert que j’ai pris conscience de la finitude des ressources et que j’ai commencé à tirer le premier fil. Le tout électrique, le tout nucléaire ? Non, je me souviens de mon père m’expliquant au début des années 60 qu’on ne savait pas quoi faire des déchets nucléaires. C’était son sujet de thèse. Trente-cinq ans plus tard, on n’en était pas beaucoup plus loin.

En continuant à tirer sur ce fil, je suis arrivée au constat fondateur qu’il n’y a pas production d’énergie propre et que donc il faut aller vers la sobriété.

J’avais commencé progressivement à remettre en question le capitalisme puis encore plus progressivement mon cheminement m’avait fait comprendre que c’est le productivisme, également partagé par les économies capitalistes et socialistes qui est à l’origine des destructions des milieux naturels. Je me suis alors intéressée à la décroissance, qui m’est vite apparue comme incontournable. Les moyens de la mettre en œuvre avec le moins de casse possible est notre seul degré de liberté, mais plus d’énergie a été dépensée depuis le rapport Meadows pour en nier la nécessité que pour s’atteler aux modalités de ce changement de paradigme.

Il y a quelques années, j’ai rencontré Simon CHARBONNEAU, pionnier du droit de l’environnement et co-fondateur de la SEPANSO qui est devenu mon mari. J’ai lu les ouvrages de Jacques ELLUL et bien entendu de Bernard CHARBONNEAU, qui m’ont permis de conceptualiser mes divers constats et prises de conscience et de faire enfin le lien entre les destructions répétées des paysages auxquels je suis attachée et les destructions de milieux naturels inhérents à la croissance démesurée de la société thermo-industrielle.

En 2019, lors de la création de France Nature Environnement Creuse, je suis entrée au conseil d’administration et j’ai accepté d’assurer le secrétariat ce qui m’a permis de découvrir le milieu associatif.

Il y 6 mois, il m’a été demandé d’en prendre la présidence. Après quelques minutes d’hésitations, le temps de me demander comment décliner la proposition, je me suis entendue répondre oui. Lorsque les responsabilités viennent à nous, il faut les accepter et faire de son mieux.

Cet engagement de terrain m’a permis de saisir tout le sens du combat écologique dans un département dont le patrimoine a été relativement épargné par les ravages des trente glorieuses. De là l’intérêt que mon engagement peut avoir pour la cause environnementale défendue par FNE au plan national, dans la mesure où les constats locaux peuvent contribuer à éclairer les questions au plan national. Par conséquent, mon engagement local peut contribuer à une prise de conscience plus générale dont nous avons un grand besoin compte-tenu de l’urgence de la situation.

Marie-Christine GIRAULT, présidente de FNE 23

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