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Projet de SDAGE Adour-Garonne 2022-2027

Publié le 28 juin 2021

«Rapport d’étonnement» des nouveaux membres APNE du Comité de Bassin : un SDAGE/PDM qui semble ambitieux dans ses formulations, mais avec en réalité beaucoup trop de flou, peu d’opérationnalité et d’objectifs concrets sur les sujets prioritaires.

Les documents sont peu accessibles et difficiles à lire du fait de :

  • l’emploi d’une sémantique d’initié et inhabituelle voire incompréhensible par les citoyens que nous souhaitons intéresser aux décisions liées à la préservation de la ressource eau, et mobiliser pour une utilisation économe.
  • l’emploi de périphrases pour éviter d’employer le mot juste qui permet d’identifier le fait, la nature de l’objet, l’acteur… Cette manière d’écrire affaiblit la portée du texte, que ce soit le SDAGE ou le PDM et conduit à un flou qui n’est pas à la hauteur des enjeux et entraine l’inaction.
  • l’ampleur des documents à étudier (plus de 2000 pages), conséquence en particulier du point précédent, qui peut être décourageante malgré tout l’intérêt porté à la démarche.
  • le manque de transversalité et d’opérationnalité : le lien entre le SDAGE et le PDM est difficile à identifier pour un non initié, la portée réelle de ces textes pose question, d’autant que les objectifs fixés sont sans cesse repoussés.
  • Si nous soutenons l’outil SDAGE et la gouvernance multi-acteurs de l’eau en elle-même, force est de constater que son poids doit être très sensiblement renforcé parmi et en articulation avec les autres politiques sectorielles, et les autres moyens d’action de la puissance publique, y compris en matière d’enjeux budgétaires.

«Rapport d’alerte» des APNE du Comité de Bassin : un SDAGE/PDM qui n’agit pas aux bonnes échelles ni avec suffisamment d’ambition compte tenu de l’urgence climatique.

Les derniers chiffres du GIEC destinés à la COP de Glasgow 2022 et leur divulgation anticipée montrent que nous sommes sans doute à la veille d’une perte de contrôle de la crise climatique. Ce fait, difficile à assimiler, doit pour autant être au coeur de toutes les réflexions sur le SDAGE. Ceux-ci invitent à revoir nos actions et les modalités d’intervention des Agences de l’eau pour l’atténuation du réchauffement et de ses effets sur l’ensemble de la biosphère.
La politique d’intervention de l’Agence de l’eau suppose que des porteurs de projets montent des dossiers d’obtention d’aides. Ceci se fait aisément pour la construction des retenues d’eau par exemple (dont les effets sur les milieux et le bouleversement climatique sont pourtant des plus pernicieux), pour le remplacement d’un équipement d’irrigation, pour le co-financement d’une STEP ou pour des PSE qui concernent des unités d’exploitation individuelles ou de petits groupes d’unités. C’est bien plus difficile pour des solutions à impacts plus foncièrement positifs sur les objectifs DCE, la lutte contre le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité : les porteurs manquent pour déployer les actions d’envergure les plus utiles et urgentes. L’IPBES appelle pourtant à ces « changements transformateurs » depuis 2019.
De fait, les projets portent souvent sur des actions ultra-locales à l’heure où il faut davantage miser sur des effets globaux à l’échelle des bassins que pourraient fournir la reconfiguration de nos écosystèmes agro-alimentaires. Il s’agit d’intervenir sur nos paysages au profit de l’eau et de l’atténuation des températures avec la réintroduction ou l’intensification de la vie dans les sols (objectif 4 pour 1000 des INRAE-IRD-CIRAD-CGIAR : https://4p1000.org/fr/ressources), l’implantation de structures ligneuses (haies, bosquets et arbres champêtres, alignement d’arbres des collectivités, renaturation des villes, etc.) et la réhabilitation de l’ensemble des milieux humides ( à quand un plan Marshall pour nos zones humides?). Ces actions conditionnent le bon fonctionnement des milieux au profit de la rétention d’eau, de la santé des végétaux et de la capacité à stocker du carbone. Il s’agit également d’accompagner sérieusement le monde agricole dans ce changement de pratiques nécessaire, dans un contexte très complexe, qui implique de mobiliser également les acteurs de la restauration hors domicile, des circuits de distribution, et les consommateurs, au nom de l’intérêt général. Ce sont ces solutions, mises en oeuvre de façon concomitante et systémique, qui permettront de construire collectivement la résilience des territoires et de la société face aux bouleversements climatiques.
Là, de façon orchestrée, tous les acteurs peuvent agir à leur échelle (individus, associations, collectivités, entreprises, institutions, gouvernement, etc.) et ce n’est qu’à travers cette massification des actions que l’on verra les effets se conjuguer et les résultats s’orienter dans la bonne direction concernant plusieurs des défis que nous avons à affronter dans les prochaines années.
Mais cela suppose une meilleure conscience de la puissance des SFN appliquées à chaque m² des bassins versants*, une meilleure articulation avec les autres politiques publiques et une application plus contraignante des solutions retenues pour leur potentiel de globalisation et, par-là, de résilience aux chocs climatiques annoncés.
C’est enfin l’utilisation la moins contestable de l’argent public puisqu’elle est entièrement orientée vers l’intérêt général, avec le meilleur rapport coût-efficience et qu’elle satisfait une durabilité (« répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ») prônée par les politiques publiques depuis plusieurs décennies.
L’étude BAGAGES, dont les premiers résultats viennent d’être communiqués, ne peut mesurer cet impact en observant les pratiques d’unités d’exploitation isolées les unes des autres. Il faudrait la conversion d’un bassin versant entier -sur la base de l’intensification de la vie biologique des sols et du renfort des structures ligneuses- pour avoir des effets clairement mesurables sur la qualité et la quantité de l’eau pour l’homme et les milieux dont il dépend. Il existe aussi un problème avec les échelles de temps : deux ou trois années d’observation sont largement insuffisantes pour enregistrer une amélioration significative de la vie des sols et des milieux à retenir l’eau, à la faire percoler vers les aquifères, à la restituer lentement lorsque les étiages s’amorcent, etc.

Lire l’intégralité de la contribution des APNE du comité de Bassin Adour-Garonne sur le SDAGE 2022-2027.

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