Jean-Louis Jollivet
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Jean-Louis Jollivet

Publié le 5 avril 2022

Pas d’illusion rétrospective : rien ne me prédestinait à risquer la noyade dans les dossiers tumultueux des bassines. Sinon le vieil adage passe partout : la philo mène à tout. Inutile de chercher un tropisme écolo dans les années de formation bordelaises et le militantisme étudiant contre la guerre d’Algérie, où je travaillerai quelques années après l’indépendance.

C’est mon improbable atterrissage à Poitiers qui m’a mis dans le bain des luttes locales pour la terre des années 72 et suivantes : opposition, dans la foulée du Larzac, aux expropriations pour extension de camp militaire en Deux-Sèvres (Avon, Bougon), lutte des Paysans-Travailleurs de la Vienne contre l’escroquerie des « contrats d’intégration ». Je découvre la vigueur de la défense du métier de paysan contre l’agro-industrie et la destruction des terres agricoles. Enjeu qui s’imposera à moi dans les années 2000 avec l’accélération de l’artificialisation des sols et la pratique au sein de la commission départementale de protection des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF).

Le chemin jusqu’à FNE a été tortueux. Il m’a mené dans les années 2000 à l’écologie dite politique puis, sans contradiction, à une écologie plus proche du terrain à Vienne Nature : j’en été président 3 ans, et du coup vice-président de PCN. C’est là que le philosophe spécialiste de rien plonge dans les dossiers dont pas grand monde ne veut : d’abord les LGV, puis la gestion de l’eau. Leur point commun : le sentiment d’incompétence que leur lourdeur et leur complexité engendre légitimement chez les bénévoles.

Le feuilleton de la LGV Tours-Bordeaux m’a offert quelques moments stimulants : d’abord l’apprentissage des moyens pour les associations de protection de la nature et de l’environnement (APNE) de se faire écouter par une multinationale. Puis l’arbitrage de l’Etat et la participation aux négociations fructueuses sur les mesures compensatoires. L’expérience en tout cas a bien armé pour faire face aux répliques sur Limoges-Poitiers : LGV mort née, Autoroute moribonde. Avec l’eau c’est la même gageure de compétence à construire mais c’est une autre histoire, plus juridique mais surtout plus violente. Manifestations et réunions publiques réussies ont sauvé la mise. Mes potions magiques ont été le travail dans une petite équipe soudée et la coopération étroite avec des partenaires fiables, UFC, LPO, Conférence Paysanne.

Eléments épars pour un bilan. L’expérience de président m’a appris, un peu tard, qu’une APNE ce n’est pas que les projets naturalistes, le suivi des commissions, la participation aux débats publics : c’est avant tout une équipe de salariés dont il est essentiel d’assurer des conditions dignes de travail et de rémunération, dans le respect d’une convention collective et d’innombrables règles que j’ignorais …

Le retour d’expérience en tant qu’administrateur est plus positif : il montre que devant les urgences qui nous tombent dessus sans préavis, l’argument de l’incompétence n’est pas valide. Chacun peut s’emparer d’une affaire et se former sur le tas, à condition de travailler en équipe. Autre acquis : l’articulation des champs respectifs des salariés et des bénévoles. Ce sont les compétences reconnues des salariés et leur efficacité qui permettent à l’association de se faire entendre dans le débat public, et parfois prendre en compte.

Et la cohérence dans tout ça ? Où est le fil conducteur ? S’il faut trouver une origine, c’est le bordelais Jacques Ellul et sa thèse sur la technique, jamais neutre : du nucléaire aux bassines, il y a toujours une solution technologique pour ne rien changer et continuer à détruire la planète. Ce jeudi 5 mai 2022 nous avons dépassé ce que la planète peut nous offrir…

Mais le vrai fil conducteur est peut-être ailleurs : nostalgie du pyrénéen exilé qui a défaut d’ours, d’isard et de Desman apprécie que le Poitou s’ensauvage, reconquis par la loutre et bientôt le loup.

Jean-Louis Jollivet, administrateur de Vienne Nature

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