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Déposition de FNE NA sur l’Autorisation Unique Pluriannuelle de prélèvement sur le périmètre de l’OUGC de Cogest’eau.

Monsieur le commissaire enquêteur, France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine, comme le prévoit le code l’environnement, vous fait part de ses observations sur l’enquête publique qui se déroule du 24 octobre 2025 à 9 h au 24 novembre 2025 à 17 h 30 dont l’objet est : L’Autorisation Unique Pluriannuelle de prélèvement sur le périmètre de l’OUGC de Cogest’eau pour une durée de 15 ans maximum et portant sur 50 Mm3 d’eau (toutes périodes et tous types de prélèvements inclus).

CONTEXTE

Le 20 avril 2017, une première Autorisation Unique de Prélèvement (AUP) a été délivrée par arrêté préfectoral. Suite à l’action en justice de Nature Environnement 17, de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, de Charente-Nature, et des Fédérations de pêche et de protection du milieu aquatique de Charente et de Charente-Maritime, cet arrêté préfectoral a été annulé par un jugement du 9 mai 2019 du tribunal administratif de Poitiers avec effet différé au 1er avril 2021. Les volumes autorisés en 2017 ont été jugés très nettement supérieurs aux volumes réellement consommés par les irrigants et l’étude d’impact très insuffisante. L’annulation de l’arrêté a été confirmée par la Cour administrative d’appel de Bordeaux le 15 juin 2021, qui a constaté l’absence de base scientifique rigoureuse pour autoriser des prélèvements près de 47,4 Mm3.

Après plusieurs décisions de justice, Cogest’eau a été mise en demeure de régulariser la situation. C’est la raison de cette nouvelle demande d’autorisation de prélèvement.

Suite à l’étude du dossier présenté à l’enquête publique, nous observons que les volumes sollicités par cet OUGC sont globalement de 50 Mm3 (supérieurs à ceux jugés par le Tribunal en 2019) alors que les irrigants ont utilisé en moyenne 25 Mm3 par an (2013/2022).

Nous nous interrogeons sur le projet porté par CoGEST’eau. Sur le fond, nous observons que cette demande est disproportionnée par rapport aux prélèvements réels des irrigants et ne respecte pas les décisions de justice du tribunal administratif de Poitiers et de la cour d’appel de Bordeaux. Le porteur de projet indique : la notification des volumes prélevables de mai 2020 du préfet coordonnateur reste la référence du volume maximal disponible pour le cadrage des besoins dans les premières années de l’AUP. L’OUGC n’a donc pas tenu compte des jugements prononcés antérieurement.

OBSERVATIONS

Sur l’enquête publique
  • Après plusieurs recherches infructueuses, nous tenons à vous signaler que l’accès aux documents de cette enquête publique est uniquement possible sur le site de la préfecture de la Charente. Aucune présentation de ce dossier n’est faite sur les sites des autres préfectures concernées par le périmètre de l’OUGC. Ce manquement nuit grandement à la bonne information et à la participation du public (CE : Article L123-1 Modifié par Ordonnance n°2016-1060 du 3 août 2016 - art. 3)
  • Sur le site de la préfecture de Charente, l’accès aux documents de cette procédure est problématique. Il nécessite un temps de recherche important et nuit à la bonne participation du public : chemin d’accès : Accueil Actions de l’État Environnement - Chasse - Eau - Risques DUP - ICPE - IOTA Angoulême, page 2) n’est pas très intuitif.
  • Dans les documents présentés, nous n’avons pas trouvé l’avis de la CLE du SAGE. Pour information : Un des rôles majeurs de la CLE est d’émettre des avis consultatifs sur les projets et décisions susceptibles d’impacter la ressource en eau et les milieux aquatiques dans le périmètre du SAGE. Conformément à l’article R.214-10 du Code de l’environnement, la CLE est consultée sur les dossiers d’autorisation au titre de la loi sur l’eau. Ces avis permettent de vérifier la compatibilité des projets avec les objectifs du SAGE. Cette absence d’avis nuit gravement à la bonne information du public.
Sur le bassin versant
  • L’ensemble du bassin versant est classé en Zone de Répartition des Eaux (ZRE), ce qui atteste d’un déséquilibre durable entre la disponibilité de la ressource en eau et les besoins des usages humains ainsi que des milieux aquatiques.
  • Selon les études réalisées par l’EPTB (Explore 2070) le bassin versant de la Charente fait face à une vulnérabilité très forte face au changement climatique, notamment en ce qui concerne la disponibilité des eaux de surface et souterraines. Une baisse de 30 % du débit des rivières, et jusqu’à -15 % de précipitations efficaces sont envisagées ainsi que des sécheresses sévères 7 à 8 années sur 10, avec des risques de dégradation des milieux
    aquatiques à l’horizon 2050.

Une demande d’autorisation de prélèvements sur les quinze prochaines années ne semble pas réaliste compte tenu des prévisions climatiques sur ce bassin versant.

Sur la justification du projet

Volumes : Dans le dossier on peut lire : « les volumes sollicités par l’OUGC pour cette nouvelle AUP sont basés sur les besoins en eau exprimés par les irrigants situés sur son périmètre de gestion (P16 RNT) ». Nous constatons que, selon le porteur de projet, les volumes sollicités sont déconnectés des réelles disponibilités en eau du milieu.

Durée : La demande d’AUP porte sur 15 années. COGEST’Eau indique que cette durée est « en conformité avec l’ampleur, le sérieux, l’ambition mais également le coût du projet ». Visiblement, la connaissance de la ressource en eau et des perspectives de changement des régimes hydriques n’est pas la base de la réflexion pour déterminer la durée de cette autorisation.

Economie : Il est indiqué dans ce dossier : « Ces besoins sont l’expression de la nécessité d’accéder à l’eau afin de maintenir une agriculture pérenne sur le territoire de l’OUGC ». Nous rappelons que les surfaces irriguées ne représentent que 8 % de la SAU du territoire (20 951ha) pour environ 5 % des agriculteurs du bassin versant (500 irrigants). Il faut donc nuancer
ces propos. https://www.charente2050.fr/?page_id=58

Sur l’environnement et la biodiversité

Le réseau hydrographique de ce territoire est important, avec environ 2 300 km de cours d’eau et des zones humides. Ces habitats naturels présentent une grande richesse en biodiversité (faune, flore). 16 sites Natura 2000 en lien avec les cours d’eau sont présents sur le périmètre de l’OUGC. Or avec 57 % des prélèvements totaux sur le bassin, l’irrigation participe aux assecs à sec induits (Charente amont et Aume couture principalement) avec des impacts très forts sur la biodiversité des milieux aquatiques. La préservation de l’alimentation en eau potable, et des activités dont celles liées aux ressources conchylicoles et halieutiques est également cruciale sur ce bassin.

L’étude propose d’autoriser un volume global de 33,072 Mm3 d’eau superficielle et d’y ajouter 6,11 Mm3 de volumes de printemps, soit beaucoup plus que les prélèvements totaux actuels (25 Mm3/ an entre 2013 et 2022). Cette demande nous parait en contradiction avec le Code de l’environnement pour ses impacts sur les milieux naturels ainsi que contraire aux objectifs de la France de réduction de 10 % des prélèvements en eau d’ici 2030.
https://www.info.gouv.fr/grand-dossier/preservons-notre-ressource-en-eau/les-53-mesures-du-plan-eau

Aujourd’hui la qualité de l’eau de ce bassin versant est extrêmement préoccupante. Les pollutions diffuses dans l’eau, notamment d’origine agricole, ont des impacts sur les organismes aquatiques, sur l’ensemble des milieux naturels ainsi que sur l’eau potable. Les prélèvements en eau superficielle pour l’eau potable posent de plus en plus de problèmes aux distributeurs avec les dépassements de normes réguliers. Le changement climatique et la réduction de la ressource en eau (notamment en été) vont accentuer ce problème par effet de concentration des pollutions diffuses. L’irrigation joue un rôle crucial dans le transfert des pesticides vers les eaux superficielles et souterraines, des engagements de réductions de l’utilisation des pesticides auraient dû être pris dans ce dossier.

CONCLUSION

FNE NA, eu égard aux observations formulées, donne un avis défavorable à la demande d’autorisation unique pluriannuelle de prélèvement porté par Cogest’eau en l’état.

  • La demande de prélèvement global de 50 Mm3/an est disproportionnée au regard des prélèvements actuels pour l’irrigation agricole. Elle ne reflète pas les efforts réalisés par les irrigants pour réduire leur consommation : 23,2 Mm3 /an en moyenne pour les 6 dernières années (tableau page 141 Etude d’impacts), soit moins de la moitié de ce qui est demandé.
  • Cette demande d’augmentation des volumes autorisés n’est pas compatible avec la diminution de la ressource en eau ni avec le Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau de la France.
  • Les volumes demandés auraient dû être calculés pour respecter une gestion équilibrée de la ressource en eau demandée par le SDAGE, et non pas basés sur les demandes des irrigants comme cela est clairement indiqué dans ce dossier.
  • Cette étude n’identifie pas les méthodes à mettre en place pour préserver le bon écoulement des cours d’eau ni pour atténuer les impacts des prélèvements en eau sur le milieu naturel, notamment sur les zones humides.
  • Cette demande en eau doit est incomplète et doit être assortie de mesures fortes pour changer de modèle agricole conformément aux orientations du SRADDET. La poursuite des prélèvements en eau pour l’irrigation sur ce bassin implique des modifications profondes des pratiques agricoles pour rétablir l’hydraulique du bassin versant grâce aux solutions basées sur la nature : (restauration des prairies, suppression du drainage, plantation de haies, création de talus, renaturation des cours d’eau…). Aucun engagement individuel des irrigants vers l’agroécologie n’est indiqué dans ce dossier, ce qui n’est pas acceptable.
  • Cette autorisation de prélèvement est également incomplète et doit être assortie d’engagements sur la réduction importante de pesticides.
  • La durée de 15 ans n’est pas acceptable face aux incertitudes des impacts du changement climatique sur ce territoire.
  • Nous avons de grandes craintes sur la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable de ce territoire dans les années qui viennent ainsi que sur la pérennisation des activités conchylicoles et halieutiques. Cette étude ne prend pas suffisamment en compte ces aspects.

Monsieur le Commissaire Enquêteur, FNE NA vous remercie d’avance de reprendre ses observations et l’avis qui en découle dans vos conclusions. FNE NA considère, par ailleurs, que l’intégralité de ses observations devraient nourrir la dépose d’un éventuel nouveau dossier, intégrant la réévaluation des volumes demandées, le passage de la durée de l’autorisation à 5 ans et la précision des changements des pratiques agricoles avec des d’engagements pour les mettre en œuvre.

Déposition en version PDF

Thématique
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Irrigation

La politique de l’eau en Nouvelle-Aquitaine

Les SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) des bassins Loire-Bretagne et Adour Garonne sont les documents de planification de la gestion des ressources en eau, et des milieux aquatiques, applicables sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Leurs orientations et dispositions répondent aux objectifs des directives européennes, et en particulier de la DCE (Directive Cadre Eau).

Pour nos organisations, le respect de la DCE adoptée en 2000 et des SDAGE est un prérequis à toute intervention politique en lien avec le domaine de l’eau en Nouvelle-Aquitaine (santé, urbanisme, agriculture, industrie, tourisme).

FNE NA s’est mobilisée pour répondre à cette consultation publique sur les enjeux pour l’eau du bassin pour la période 2028-2033.

Des présentations des états des lieux des SDAGE Loire-Bretagne et Adour-Garonne auxquelles était invité
l’ensemble des acteurs de l’eau, nous retenons :

  • Des rivières globalement dégradées, les causes de cette dégradation étant multiples et liées à de nombreuses altérations du fonctionnement hydrologique et de la morphologie des rivières, des prélèvements trop importants ainsi que de nombreux rejets polluants, principalement d’origine agricole.
  • Des eaux souterraines dégradées qui représentent une ressource stratégique pour la Région, soumises à des pressions importantes (pollutions par les nitrates et pesticides, déséquilibre quantitatif).
  • Des zones humides qui fournissent de nombreux services aux territoires, mais qui, malgré les dispositifs de protection existants, continuent de disparaître chaque jour ;
  • Des écosystèmes qui accueillent des espèces patrimoniales qui restent fortement vulnérables et soumises à de nombreuses pressions tout au long de leur cycle de vie.

Dans ce cadre, voici nos orientations prioritaires :

  • Maintenir la priorité des usages à l’alimentation en eau potable et aux milieux aquatiques naturels (Cf. article L. 210I du Code de l’environnement) avant les activités économiques ;
  • Appliquer la sobriété en eau comme un enjeu structurel de l’adaptation au changement climatique essentiel pour garantir un usage durable et équitable de cette ressource ;
  • Modifier la composition des Comités de Bassin et des Commissions Locales de l’Eau (CLE) afin d’arrêter la surreprésentation du monde agricole (agriculteurs, coopératives et négociants) et permettre que tous les usagers soient représentés de manière équilibrée ;
  • Réaliser des Projets de Territoire pour la Gestion de l’Eau, sous l’égide des CLE, en prenant en compte les résultats des études sur les volumes prélevables en périodes de basses et de hautes eaux - avant toute réalisation de retenues d’eau publiques en actant notamment les constats émis par les études HMUC en Loire-Bretagne et les études débits biologiques en Adour Garonne ;
  • Interdire les pesticides sur les aires de captage d’eau potable comme le préconise le rapport interministériel publié en décembre 2024.
  • Appliquer le principe « pollueur-payeur » intégré dans le droit français, notamment par la loi Barnier de 1995 et l’article L.110-1 du Code de l’environnement. Pour cela, augmenter très fortement le taux de la redevance pour pollution diffuse ;
  • Réorienter les fonds publics (PAC et agences de l’eau) vers le financement des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (agriculture biologique, agroforesterie, cultures à bas niveau d’intrants et économes en eau) ;
  • Arrêter de détériorer et restaurer l’état écologique des zones humides, des cours d’eau et des eaux littorales, en utilisant des solutions basées sur la nature ;
  • Sensibiliser et informer l’ensemble de la population aux enjeux de l’eau et des sols pour tous les êtres vivants et rendre accessible au public les données relatives à sa qualité.

Afin de préciser ces orientations sur l’eau, FNE NA les a déclinées en une cinquantaine de propositions réparties autour de 5 thématiques : quantité, qualité, milieux aquatiques, eaux littorales et gouvernance :

La quantité d’eau

Le changement climatique impacte d’une manière significative l’ensemble des écosystèmes et ressources en eau de la Nouvelle-Aquitaine, ainsi que les usages de l’eau associés.

A l’heure actuelle, déjà :

Les prélèvements De 2008 à 2021, 1,4 milliard de M3 d’eau douce prélevé par an à 60 % dans les eaux souterraines. Cette eau a été utilisé à 44 % par l ’Agriculture, 36 % pour l’eau potable, 12 % pour l’industrie et 7 % pour l’énergie. Les prélèvements dans les cours d’eau (40 %) sont trop importants au regard de l’eau disponible mettant en péril leur faune et flore aquatiques.

Le fonctionnement hydrologique et la morphologie des rivières, des lacs et des étangs sont altérés (modification des berges, des ripisylves et des tracés, mise en place d’ouvrages impactant la continuité écologique des cours d’eau, infrastructures impactant le lit majeur des rivières.

Les rejets polluants de toutes natures, principalement diffus (nitrates et pesticides localisés principalement en zones de forte spécialisation agricole vigne/arboriculture/maïs et en zones périurbaines, PFAS) sont excessifs,
un tiers des masses d’eaux souterraines sont en mauvais état chimique (pollutions par les nitrates, pesticides et PFAS principalement), tandis que 15 % des masses d’eaux souterraines sont en déséquilibre quantitatif.

Les ¾ de la Région Nouvelle Aquitaine est classée en Zones de répartition des Eaux ce qui traduit une insuffisance chronique des ressources en eau par rapport aux besoins. 

De plus, l’action de l’homme et ses conséquences, à savoir l’artificialisation des milieux, l’imperméabilisation et l’érosion des sols, le drainage, la destruction des zones humides, des prairies naturelles et des haies, le recalibrage des rivières, … ont bouleversé les équilibres naturels, accentuant ainsi les étiages, les crues et les inondations.

Nous préconisons de :

  • Modifier la composition des Comités de Bassin et des Commissions Locales de l’Eau (CLE) afin d’arrêter la surreprésentation du monde agricole (agriculteurs, coopératives et négociants) et permettre que tous les usagers soient représentés de manière équilibrée ;
  • Réaliser des Projets de Territoire pour la Gestion de l’Eau, sous l’égide des CLE, en prenant en compte les résultats des études sur les volumes prélevables en périodes de basses et de hautes eaux - avant toute réalisation de
    retenues d’eau en actant notamment les constats émis par les études HMUC en Loire Bretagne et les études débits biologiques en Adour Garonne ;
  • Les retenues de substitution, si nécessaires, devront être conçues, réalisées, financées et gérées dans le cadre d’une gouvernance publique où la société civile est consultée tout au long des projets ;
  • Les retenues de substitution, doivent être utilisées pour réduire les volumes annuels actuellement réellement consommés. Elles peuvent être finalement envisagées qu’après étude de toutes les solutions alternatives et avec
    un objectif d’amélioration significative de l’état des milieux aquatiques ;
  • Compléter le réseau de stations de mesure pour améliorer les données hydrologiques
  • Définir un cahier des charges strict précisant les conditions de réalisation et de fonctionnement des retenues d’eau à des fins d’irrigation, avec une obligation de s’engager dans l’agroécologie pour les irrigants desservis. Contrôler son application et appliquer de réelles sanctions en cas de manquement ;
  • Les projets de stockage d’eau devront intégrer des modifications des pratiques agricoles moins consommatrices en eau, engrais chimiques et pesticides ;
  • Promouvoir la mise en place des technologies propres et moins consommatrices d’eau, dans l’industrie et l’artisanat ;
  • Généraliser le recyclage des effluents de toutes les activités économiques pour supprimer les rejets directs dans les écosystèmes naturels ;
  • Orienter les fonds publics vers le financement de cultures et de filières agricoles moins consommatrices en eau et vers une agriculture qui restaure l’humus des sols ;
  • Interdire l’usage des canons à eau pour l’irrigation agricole en les remplaçant par du goutte à goutte et installer obligatoirement des compteurs communicants aux points de prélèvements ;
  • Sensibiliser la population aux économies d’eau, notamment pour prendre en compte les changements climatiques ;
  • Utiliser les solutions fondées sur la nature pour favoriser la recharge des nappes ;
  • Préserver et restaurer les éléments boisés du paysage : haies, bosquets, ripisylves ainsi que les surfaces en herbe, prairies permanentes ou temporaires, pour permettre l’infiltration de l’eau vers les nappes et limiter le lessivage des terres arables ;
  • Restaurer la qualité des sols en augmentant le taux d’humus, par retour des biodéchets et des amendements organiques, afin notamment d’améliorer la capacité de stockage de l’eau de pluie ;
  • Augmenter les milieux végétalisés en ville permettant l’infiltration de l’eau, et la poursuite du cycle naturel de l’eau, avec un objectif de 30% des surfaces urbaines végétalisées d’ici 2040 ;
  • Adapter les pratiques de sobriété en matière de consommation d’eau de manière générale, et moins d’eau potable en particulier, afin d’assurer une alimentation en eau potable indispensable à la consommation humaine ;
  • Réutiliser les eaux traitées par les stations d’épuration (REUT) pour l’irrigation là où elles ne servent pas à réalimenter les cours d’eau (sur le littoral).

La qualité de l’eau

Les eaux souterraines de la Nouvelle-Aquitaine, qui représentent une ressource stratégique pour la Région (les nappes fournissent 80 % de l’eau potable de la Région) connaissent des pressions/pollutions importantes. Pourtant, aujourd’hui, le coût de la protection de la ressource ne représente qu’une faible partie du prix payé par le consommateur, contrairement au coût de traitement de l’eau.

Cette année des captages ont été fermés en Nouvelle Aquitaine car les concentrations en Nitrate ou en Pesticides dépassaient les normes réglementaires. En 2023, près de 17 millions de français ont reçu une eau non conforme aux normes relatives aux pesticides.

Les Syndicats d’Eau Potable recherchent et trouvent de plus en plus de pesticides et leurs métabolites dans les eaux des Aires d’Alimentation des Captages d’eau à potabiliser. Leur traitement est de plus en plus difficile et
couteux et parfois impossible.

Nous préconisons de :

Pour les Captages :

  • Interdire les pesticides sur les Aires de captage d’eau potable ;
  • Réaliser un inventaire des forages agricoles (en activité et/ou abandonnés) ;
  • Augmenter très fortement le taux de la redevance pour pollution diffuse (appliquée à la vente des pesticides) ;
  • Installer systématiquement de l’agriculture biologique (AB) et/ou des prairies naturelles et/ou des espaces boisés sur les aires d’alimentation de captage, encadrées par des baux ruraux à clauses environnementales ;
  • Faciliter le droit de préemption environnementale par les collectivités locales et les doter de fonds dédiés, afin de sanctuariser les périmètres de protection des captages et les infiltrations par les gouffres ;
  • Modifier la réglementation pour protéger les Périmètres de Protection des captages contre les pollutions diffuses ;
  • Réserver les eaux souterraines profondes exemptes de pollutions anthropiques à la production d’eau potable publique et non industrielle en évitant leur surexploitation qui aboutit à y introduire des pollutions de surface.

Pour les Pollutions :

  • Orienter les fonds publics des agences de l’eau vers le financement des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (cultures à bas niveau d’intrants, agroforesterie, cultures économes en eau) ;
  • Moduler les aides à l’agriculture selon les engagements à diminuer l’utilisation des intrants (nitrates et pesticides) ;
  • Faciliter l’accès public aux données des Syndicats d’Eau Potable sur les concentrations en nitrates, en pesticides, PFAS, médicaments et détergents et leurs évolutions sur plusieurs années (sur les sites Internet…) ;
  • Interdire la vente d’engrais chimiques de synthèse et de pesticides aux particuliers et aux collectivités ;
  • Mettre en oeuvre et contrôler la réduction drastique de l’utilisation des pesticides sur les zones Natura 2000 ;
  • Imposer une ripisylve le long des cours d’eau afin de réduire fortement les pollutions par intrants ;
  • Contrôler et mettre en conformité toutes les stations d’épuration avec des délais de réalisation ;
  • Demander des études obligatoires sur la gestion des eaux pluviales sur toutes les communes dans le cadre des SAGE.

Pour le partage de l’eau :

  • Les Agences de l’Eau doivent conditionner leurs aides aux pratiques de gestion économe des ressources en eau et faciliter une bonne information des publics quant aux pratiques et statistiques des industriels, des agriculteurs,
    des collectivités et des ménages ;
  • Soutenir la participation des réseaux agricoles aux CLE, SAGE, SDAGE et Comités de bassins ;
  • Soutenir et accompagner les alternatives agricoles adaptées aux conditions pédoclimatiques et aux ressources en eau disponibles ;
  • Aider prioritairement les pratiques non génératrices de pollution des eaux par des écoconditionnalisés en particulier le développement de l’agriculture biologique en valorisant ses produits et en aidant
    financièrement à la conversion.

Les milieux aquatiques

Des zones humides qui fournissent de nombreux services aux territoires :

Les zones humides présentes sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Aquitaine sont reconnues comme patrimoine naturel exceptionnel, en raison de leur richesse biologique et des fonctions naturelles qu’elles remplissent : elles fournissent de nombreux services tels l’autoépuration ou l’écrêtement des crues ; elles préservent et abreuvent une grande biodiversité ; elles façonnent les paysages caractéristiques de la Région ; elles fournissent des espaces de loisirs pour les habitants de la Région et pour les touristes… Mais elles sont soumises à de nombreuses pressions liées aux pratiques agricoles, à l’urbanisation, aux modifications du cycle hydrologiques… Et continuent de disparaître.

Des écosystèmes qui accueillent des espèces patrimoniales :

Malgré l’état de dégradation actuelle des milieux aquatiques, la Nouvelle-Aquitaine accueille encore de nombreuses espèces patrimoniales inféodées aux milieux aquatiques (truite fario, chabot, lamproie de planer, moule perlière, écrevisse à patte blanche, desmans des Pyrénées.,.), ainsi que des espèces emblématiques comme les poissons migrateurs (anguille, lose, lamproie, esturgeon d’Europe, saumon), traits d’union entre les territoires et
indicateurs de continuité écologique.

Ces espèces patrimoniales restent fortement vulnérables et soumises à de nombreuses pressions tout au long de leur cycle de vie, leur donnant le rôle de sentinelles de la qualité et de l’état écologique de nos cours d’eau.

Les atteintes irréversibles actuelles à la biodiversité mettent en danger la survie, dans des conditions acceptables, des espèces vivantes et de notre planète.

Nous préconisons de :

  • Consacrer des moyens financiers importants pour sensibiliser, en permanence, l’ensemble de la population à l’importance des fonctions et services rendus par les zones humides, les mares et les milieux aquatiques
  • Réaliser un inventaire cohérent entre collectivités territoriales et propriétaires fonciers/forestiers, des zones humides à conserver, à protéger et à réhabiliter et porter ce travail à la connaissance du public
  • Financer et/ou inciter fiscalement la protection et/ou la réhabilitation des zones humides
  • Généraliser la restauration des cours d’eau et des rivières : continuité écologique, reméandrage, ripisylves, et développer leurs capacités autos épuratrices …
  • Réduire la pollution des milieux aquatiques en privilégiant les actions préventives (réduction à la source des pollutions)
  • Mettre en oeuvre les trames vertes, bleues et brunes
  • Surveiller et détruire les Espèces Exotiques Envahissantes

Les eaux littorales

Avec plus de 720 kilomètres de côtes et grands estuaires (Gironde, Adour, Charente, Seudre, Sèvre Niortaise), le littoral constitue une zone de transition et d’échanges entre les milieux terrestres et la mer.

Ces milieux supportent des excès générés par les activités humaines : pollutions de l’amont, concentration de la population, surfréquentation touristique, rejets… Les besoins en eau potable, les activités touristiques et économiques sont en concurrence directe face aux ressources.

La bonne qualité des eaux côtières de la Nouvelle-Aquitaine, est essentielle au développement des activités économiques, telles la conchyliculture, l’aquaculture ou le tourisme.

L’état dégradé actuel de ces écosystèmes côtiers fragilise l’activité conchylicole, une activité fortement dépendante de la qualité du milieu (composition chimique, salinité et température liées aux apports d’eau douce des
bassins versants amont en particulier) et condamne la pêche artisanale côtière.

Les zones conchylicoles de l’estuaire de Marennes-Oléron et du bassin d’Arcachon étant contaminées par des rejets, une solidarité entre l’amont et l’aval s’impose.

Il est donc indispensable de :

  • Accentuer et améliorer la surveillance des eaux côtières ;
  • Développer la lutte contre la pollution en amont, en créant les conditions d’une solidarité amont-aval : lien Terre-mer ;
  • Conserver ou restaurer le bon état écologique des « têtes de bassin » pour permettre l’atteinte du bon état sur la partie aval des cours d’eau jusqu’aux estuaires ;
  • Appliquer la Réglementation Européenne sur le traitement des eaux usées (qualité des rejets).

La gouvernance

Un des points clés et d’innovation de la DCE est la participation de tous les acteurs ainsi que la consultation du grand public lors des différentes étapes de sa mise en oeuvre.

La réappropriation des enjeux liés à la gestion de l’eau par les populations est déterminante et nos organisations ont un rôle spécifique à jouer. Elles participent déjà à l’information, la sensibilisation, l’éducation de leurs membres et du public, ainsi qu’aux instances relatives à la gestion de l’eau. Elles contribuent, en outre, à
enrichir les données sur l’eau.

Nous demandons :

  • La modification de la composition des Comités de Bassin et des Commissions Locales de l’Eau afin d’arrêter la surreprésentation du monde agricole (agriculteurs, coopératives et négociants) et permettre que tous les usagers soient représentés de manière équilibrée.
  • Un suivi de la politique de l’eau, de ses résultats et l’évaluation des actions en continu pour réorienter les priorités. Les outils d’évaluation doivent être réorientés sur le développement durable afin de croiser les dimensions économique, sociale et environnementale avec une priorisation sur l’amélioration de la biodiversité. Cette évaluation doit être partagée entre les décideurs, les techniciens, les experts et les citoyens.
  • La mise en place sur les bassins non couverts par un SAGE/CLE d’un Parlement de l’Eau dans le cadre d’une représentation équilibrée › A participer activement à l’élaboration et à la révision des documents de planification régionale tels que les Schémas d’Aménagement et de gestion de l’Eau (SDAGE/SAGE) et le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET).

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